"Tramway : la fréquentation des stations dévoilée".
Il y a donc quelqu'un à la rédaction de notre avatar local de ce qu'on appelle la pé-cu-hère dans le jargon (pour Presse Quotidienne Régionale, pour les non-initiés), qui a imaginé qu'en placardant ce titre sur des affiches à l'extérieur des troquets de notre chère préfecture, les ventes de son torchon allait augmenter ? Pas besoin d'être médiaphobique pour tourner les talons et s'enfuir, il suffit d'un brin de déduction. Si c'est ÇA le titre vendeur aujourd'hui… c'est donc que le reste est ENCORE moins intéressant ?! Fichtre, ça laisse songeur.
En même temps, c'est ingrat la pécuhère. Ben oui, il ne se passe pas souvent des trucs intéressant dans une préfecture. Sans compter qu'il y a rarement de canard concurrent, donc personne sur qui copier. Pire : pas d'AFP, ou si peu... Il faut aller sur le terrain, traquer l'info, écumer les fossés à la recherche des chiens écrasés, longer les couloirs des maisons de retraite à l'affût d'une célébration de centenaire, courir les salles des fêtes pour glaner le nom de la gagnante du filet garni ou se faire préciser le poids exact de boudin ingurgité par le médaillé du concours... Ce doit être épuisant. Et si c'était eux les héros de l'info, en fait ?
Sans eux, que deviendrait les discussions dans les salons de coiffure, dans la salle commune de la maison de retraite, à l'entracte des parties de loto des salles des fêtes…? Je ne daigne personnellement acheter la pécuhère que lorsqu'elle annonce la naissance de mes enfants, et je la lis encore moins souvent. C'est absolument indigeste, mais c'est peut-être finalement la presse la moins inutile, la moins efficace pour laver les cerveaux, la seule à tenter de créer du lien social là où tant d'autres attisent les haines.
Toute tentative de production journaleuse locale est-elle pour autant vaine ? Eh non, je dois ici faire un aveu. Il est un canard local, de surcroît gratuit, pis : distribué devant la gare par quelqu'un affublé d'une casquette de couleur vive, que je confesse lire relativement souvent. Une brèche dans mon bunker. C'est écrit en bon français, l'angle de traitement de l'information est souvent malin, y'a de bonnes blagues de potache glissées ici et là... je lis ! Je lis, que dis-je, je feuillette, ce qui est déjà énorme, et je saute volontiers la double page national/international, pour ne pas risquer de rattraper mon précieux retard accumulé sur les headlines, pour me garder de combler ma douce ignorance de l'actualité.
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