dimanche 24 août 2014

Bagdad-Rome

"Un quart d'heure de France Inter, j'ai ma dose d'atrocités pour l'année, peut-être même deux". Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est ma chérie. Après que, sur le chemin du retour des vacances, abrutis par des heures de route à faire slalomer notre vieil autoradio-K7 entre les publicités pour tenter de couvrir le ronron du diesel par une musique au goût de nos oreilles, j'ai étrangement commis une entorse à mon ascétisme en laissant France Inter débiter lézinformations.

Il faut dire que ce n'est pas rien France Inter. C'est une cicatrice profonde. C'est probablement mon histoire la plus sérieuse avec une source d'informations. Combien de temps ai-je religieusement écouté la matinale dès le réveil et jusqu'à l'arrivée au boulot ? Deux, trois ans peut-être de belle fidélité avec ce ballet bien huilé. Actualités, reportage, actualités, invité, chroniqueur, questions des auditeurs triées sur le volet, actualités… jusqu'à cette violente rupture.

Non, ce n'était pas à cause de l'éviction de Didier Porte et Stéphane Guillon par Philippe Val et son "nez rouge" facultatif. Déjà à l'époque je n'écoutais plus de la matinale que leurs chroniques en podcast. Pas la première tentative d'éviction de Mermet non plus, ni la deuxième, ni la dernière… il semblerait que la série touche à sa fin si j'en juge le ton plus vaincu que jamais des campagnes de soutien qui parviennent dans mon bunker. Pas non plus l'éviction, moins bruyamment relayée mais tout aussi significative de Martin Winckler pour avoir osé, le félon, attaquer le lobby pharmaceutique à l'antenne. C'était un peu avant ou un peu après… à l'ère Paoli donc, avant que sa santé ne l'écarte du micro de la matinale. À propos, savez-vous quelle folle rumeur avait couru chez les zoditeurs de France Inter ? Que les appels quotidiens des fatals flatteurs du regretté "plan B" pendant la séance de questions à l'invité étaient à l'origine de ses problèmes de santé ! Rien que ça.

Bon, vous avez trouvé quelle erreur de ce bon Paoli je n'ai jamais pardonné à France Inter toute entière (moins Mermet, Porte, Guillon, Aram et Morel en podcast, modestes et géniales fenêtres dans les murs de mon bunker médiaphobique) ? Pas son manque critique de goût pour le calembour, le laissant sans voix lorsqu'un auditeur prétend crânement être un parent car lui aussi n'est "pas au lit" bien sûr, mais sa systématique prise de partie en faveur du "oui" pendant toute la campagne du référendum sur le traité constitutionnel. Ce défaut de neutralité politique caractérisé, ce bourrage de crâne quotidien, qui n'est en rien excusé par son échec dans les urnes.

Bref, au menu des réjouissances notamment aujourd'hui, l'Emir de Bagdad revendique l'assassinat d'un journaliste américain, ce qui provoquerait un revirement à 180 degrés de la politique extérieure d'Obama au Moyen Orient. Eh ben ! c'est du lourd pour un mois d'août ça ! Je prends un cours de rattrapage accéléré au passage : les soldats de l'Oncle Sam auraient quitté l'Irak et un gouvernement islamiste aurait pris la suite, avec cet Emir tortionnaire à sa tête. J'apprends aussi que le journaliste avait souscrit une assurance privée pour négocier son hypothétique libération en cas d'un éventuel enlèvement, puisque le gouvernement amerlocain se refuse à rentrer dans de telles combines… Quel beau business ! Le patron de la boîte en question – cocorico, il est français ! – est interviewé et fait la promotion à l'antenne de son sympathique et méconnu commerce, pas intimidé pour deux sous par l'annonce de ce cuisant échec dans sa mission. Je me coucherai donc un peu plus cynique ce soir.

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