lundi 29 septembre 2014

PQR vs. Gratuit

"Tramway : la fréquentation des stations dévoilée".
Il y a donc quelqu'un à la rédaction de notre avatar local de ce qu'on appelle la pé-cu-hère dans le jargon (pour Presse Quotidienne Régionale, pour les non-initiés), qui a imaginé qu'en placardant ce titre sur des affiches à l'extérieur des troquets de notre chère préfecture, les ventes de son torchon allait augmenter ? Pas besoin d'être médiaphobique pour tourner les talons et s'enfuir, il suffit d'un brin de déduction. Si c'est ÇA le titre vendeur aujourd'hui… c'est donc que le reste est ENCORE moins intéressant ?! Fichtre, ça laisse songeur.

En même temps, c'est ingrat la pécuhère. Ben oui, il ne se passe pas souvent des trucs intéressant dans une préfecture. Sans compter qu'il y a rarement de canard concurrent, donc personne sur qui copier. Pire : pas d'AFP, ou si peu... Il faut aller sur le terrain, traquer l'info, écumer les fossés à la recherche des chiens écrasés, longer les couloirs des maisons de retraite à l'affût d'une célébration de centenaire, courir les salles des fêtes pour glaner le nom de la gagnante du filet garni ou se faire préciser le poids exact de boudin ingurgité par le médaillé du concours... Ce doit être épuisant. Et si c'était eux les héros de l'info, en fait ?

Sans eux, que deviendrait les discussions dans les salons de coiffure, dans la salle commune de la maison de retraite, à l'entracte des parties de loto des salles des fêtes…? Je ne daigne personnellement acheter la pécuhère que lorsqu'elle annonce la naissance de mes enfants, et je la lis encore moins souvent. C'est absolument indigeste, mais c'est peut-être finalement la presse la moins inutile, la moins efficace pour laver les cerveaux, la seule à tenter de créer du lien social là où tant d'autres attisent les haines.

Toute tentative de production journaleuse locale est-elle pour autant vaine ? Eh non, je dois ici faire un aveu. Il est un canard local, de surcroît gratuit, pis : distribué devant la gare par quelqu'un affublé d'une casquette de couleur vive, que je confesse lire relativement souvent. Une brèche dans mon bunker. C'est écrit en bon français, l'angle de traitement de l'information est souvent malin, y'a de bonnes blagues de potache glissées ici et là... je lis ! Je lis, que dis-je, je feuillette, ce qui est déjà énorme, et je saute volontiers la double page national/international, pour ne pas risquer de rattraper mon précieux retard accumulé sur les headlines, pour me garder de combler ma douce ignorance de l'actualité.

dimanche 7 septembre 2014

Je ne sais pas

Je ne sais pas. Je ne sais pas si vous vous imaginez à quel point je ne sais pas. Poutine, par exemple. Je ne sais pas un traître mot de ses dernières frasques dont lémédias font régulièrement leurs choux gras. La dernière fois que j'ai entendu parler de lui, c'était pour la commémoration du débarquement de Normandie, lorsque d'aucun avait prétendu que sa présence gâchait la fête et qu'un petit génie avait rétorqué par une chouette infographie comparant le poids du sacrifice humain consenti par l'URSS et les USA dans la lutte contre le nazisme.
Je savais vaguement à l'époque aussi qu'on lui reprochait des opérations militaires en Crimée. C'est le directeur de l'école des enfants qui avait vendu la mèche le jour de carnaval. Contrairement à tous les autres, enfants et parents confondus, qui m'avaient appelé "capitaine Haddock" malgré le t-shirt rouge frappé d'une faucille et d'un marteau en lieu et place du col-roulé bleu accompagnant veste et casquette marines, le directeur avait fait une plaisanterie sur l'actualité en Crimée. Et une micro-brèche dans le bunker anti-médias en direction de la Russie (si, si, je sais qu'on ne dit plus URSS, merci)... il y a trois mois ! Trois mois sans Poutine, donc. Pas mal, non ?

Valérie Trierweiler. Je ne sais pas ! Je l'ai vue sur la une de Match ou un équivalent hier soir dans un kiosque avec le titre "ma vie avec François". Ah ? Elle serait encore avec Hollande malgré le scooter-gate ?! (eh oui, il y a des sujets auxquels on ne peut échapper. La porte du bunker a plié sous l'assaut du scooter-bélier). Silence radio au sujet de Valérie Trierwieler depuis ce vaudeville élyséen. Ça doit bien faire six mois au moins, non ? Vous aussi peut-être en fait...

Une autre, une autre ! Allez, le marronnier de la décennie : Marine Le Pen. Je suis sûr que vous vous la farcissez quasi quotidiennement. Quand diable ai-je entendu parlé de Marine Le Pen pour la dernière fois ? Sa voix à elle, déjà... Une éternité. Peut-être bien depuis les présidentielles. Si, si ! J'en devine certains qui commence à m'envier. Et sinon ? Sa réaction au remaniement ministériel ? Je ne sais pas. À la reprise du conflit israëlo-palestinien ? Je ne sais pas. À l'interdiction des manifs en France qui a suivi (ah oui, ça je sais, merci Youssef)? Je ne le devine que trop bien, mais je ne sais pas. A-t-elle commenté la Crimée, le scooter-gate, autre chose ? Je ne sais pas ! J'ai dû entendre parler d'elle pendant le débat sur le mariage pour tous, il y a... plus d'un an ! Peut-être un truc ou deux depuis, maximum, mais je ne sais plus.

Je ne sais plus.